En ce moment, les nouveaux modes dattribution des commandes
profitent aux différents acteurs mais en déstabilisent
également plusieurs. Une chose est claire : les choses
bougent, et vite. Sur le terrain, les débats sont animés.
Les citoyens interviennent aux conseils de ville. Les promoteurs
posent des questions à propos du bâti architectural.
De plus en plus dacteurs sont impliqués lors dun
projet architectural, ce qui savère un formidable
exercice de rassemblement collectif. Pour sen convaincre,
on a quà penser aux derniers projets qui ont beaucoup
fait jaser dernièrement dont Benny Farm et le Mégahôpital
McGill. Deux beaux exemples qui démontrent que la population
est de plus en plus sensible à la question environnementale.
Le message est sans équivoque : il nest plus possible
de construire à qui mieux mieux. Les médias transmettent
lidée quil faut dorénavant consacrer
autant dénergie à la conception quà
la réalisation d'un projet architectural.
Pour ce faire,
il ny a aucun doute quil faille aller de lavant
avec des formules de concours architecturaux. La profession profite
déjà énormément de la vague de concours
darchitecture initiée par le ministère de
la Culture et des Communications. Tous connaissent lobligation
pour les promoteurs à tenir des concours pour les bâtiments
culturels de plus de deux millions de dollars et la prétention
détendre le règlement à tous les édifices
publics. Cette édition de la Revue ARQ, et quelques autres
auparavant, font dailleurs état de la popularité
de ces concours.
Il y a longtemps
que la conjoncture na été meilleure pour le
développement de la profession. Or, il ne suffit pas de
sen contenter bêtement sinon dencourager cette
tendance qui donne enfin une chance de sortir de limpasse
où les architectes étaient plongés depuis
longtemps. Comment? Entre autres, faire des concours architecturaux
un des modes dattributions de la commande, qui va de soi
pour tous les intervenants, dont un premier choix pour les promoteurs,
et une routine pour les architectes. Cest alors que tous
seront gagnants.
Des pistes
sont déjà lancées pour atteindre ces objectifs.
Notre jeune expérience prouve toutefois que les concours
de types ouverts anonymes ne peuvent devenir la norme. Ils coûtent
trop cher et même sils demeurent un excellent exercice
conceptuel, à long terme, ils ne peuvent que contribuer
à gaspiller lénergie des professionnels. Comme
la rapporté Jean-Pierre Chupin à La Presse,
les dirigeants de Châteauguay avaient pour près de
300 000 dollars de matière grise sur la table, gratuitement!
Il serait de mise que les promoteurs paient pour les idées
étalées sur la table. Lobjectif est de varier
les formules, concours didées, concours de projet,
préserver la formule des concours ouverts anonymes pour
des occasions particulières, et de lancer des concours
avec une présélection de trois à une vingtaine
de candidats, adéquatement rémunérés.
Une juste cadence deviendrait alors soutenable et pour les maîtres
douvrage et pour les architectes.
Parce quen ce moment, il y a déséquilibre.
Les promoteurs sont contents, mais obtiennent beaucoup trop pour
ce quils demandent ! Il y a aussi menace dessoufflement
ou de ressentiment de la part des architectes, à force
de participer aux concours sans obtenir de reconnaissance.
Ceux-ci doivent
toutefois comprendre les défis que posent les nouveaux
modes dattribution des commandes. Soit de concevoir les
concours autrement quune occasion dépater la
galerie. Longtemps, les concours ont été considérés
comme étant une occasion extraordinaire de faire évoluer
la théorie. Constat? les architectes démontrent
une tendance à la défonce au lieu de simplement
concevoir une réponse au besoin de la collectivité,
le premier élément à prendre en compte lors
dune commande architecturale.
Quelle est
donc la norme? réussir à participer à un
concours en couvrant les frais occasionnés, sans sendetter.
Les architectes peuvent également imaginer lexercice
comme une activité se situant entre loffre de service,
et lexercice darchitecture pur. Léquilibre
se situe quelque part entre les deux. Les concours, sauf exception,
pourront ainsi devenir une activité de routine, plus faciles
à réaliser, comme on le fait en France, par exemple.
Déjà,
des efforts ont été entrepris pour faciliter la
participation aux concours, comme la standardisation des procédures.
Par exemple, le dossier de candidature ou les pré-esquisses
doivent toujours se présenter dégale façon,
dune fois à lautre. Une autre proposition est
à létude pour permettre aux participants de
communiquer seulement la première section du dossier de
candidature, qui décrit par exemple lapproche conceptuelle,
laissant les autres informations disponibles pour consultation
sur le site WEB de lentreprise candidate. Une simple amélioration
qui permettrait déconomiser des ressources.
Dautres
avenues sont considérées comme celle de mettre en
place au Québec un concours du style Europan, la formule
européenne de concours darchitecture annuel pour
les moins de 35 ans (concours ouvert anonyme). Il savère
primordial de créer un espace dexercice pour les
jeunes, ce dont certains architectes nont malheureusement
pu bénéficier à leur époque. Certains
éprouvent dailleurs plus de difficultés aujourdhui
à sadapter aux nouvelles façons de faire.
Il est bien de rappeler que la transition nest pas facile.
Il faut demeurer patient et surtout, persévérer
dans la pratique.
Parce que
le résultat désiré vaut leffort : améliorer
le bâti architectural au Québec et permettre un choix
éclairé au public de plus en plus large concerné
par la question architecturale.
11
novembre 2002
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